Les grandes lignes du Sûtra du Lotus
- Le texte original et ses traductions en chinois
Le Sûtra du Lotus fut compilé en sanscrit au 1er ou au 2e siècle de notre ère, en Inde. Beaucoup de versions manuscrites furent découvertes en Inde et en Asie centrale. Dès avant le 3e siècle après J.-C., il fut transmis en Chine et traduit en chinois. On suppose qu’il y eut six versions chinoises dont il ne reste que trois aujourd’hui :
1) le Shô Hokke Kyo, de Dharmaraksha (3e siècle après J.-C.),
2) le Myôhô Renge Kyô, de Kumarajiva (5e siècle après J.-C.),
3) le Tempon Hokke Kyô, de Jnânagupta et Dharmagupta (7e siècle après J.-C.).
Parmi ces traductions, celle de Kumarajiva (350-409) est largement reconnue comme la meilleure. Elle se répandit même au Japon. Et Nichiren Daishonin dit qu’elle seule transmet la véritable intention de Shakyamuni. Dans la Réponse à la femme du seigneur Ôta, il écrivit : « Seul Kumarajiva n’a pas ajouté la moindre interprétation personnelle à l’enseignement du fondateur Shakyamuni. » (GZ, p. 1007)
- Le titre
Le titre du Sûtra du Lotus en sanscrit est Saddharma pundarika sûtra. Saddharma signifie "Loi correcte", Pundarika, "lotus blanc". Kumarajiva le traduisit en chinois par Myôhô Renge Kyô.
Les vingt-huit chapitres et les deux sûtras d'introduction et de conclusion
Le Sûtra du Lotus comporte vingt-huit chapitres. Chacun est désigné habituellement à la fois par son nom et son numéro. Par exemple, on dira "le 2e chapitre Des moyens" ou bien "le 16e chapitre Durée de la vie du Tathâgata".
En Chine et au Japon, il est divisé en huit volumes, chaque volume comprenant deux à cinq chapitres.
Le Grand Maître T’ien-t’ai, de Chine, a considéré le volume du Sûtra aux sens infinis comme une introduction et celui du Sûtra de la Méditation sur le bodhisattva Fugen comme une conclusion.
On désigne parfois ces deux sûtras par l’expression "les deux sûtras d’introduction et de conclusion".
L’ensemble du Sûtra du Lotus et de ces deux sûtras est appelé "le Triple Sûtra du Lotus".
L’enseignement théorique (shaku mon) et l’enseignement essentiel (hon mon)
Parmi les vingt-huit chapitres du Sûtra du Lotus, les quatorze premiers, du 1er chapitre Introduction au 14e, Pratiques paisibles, sont appelés "l’enseignement théorique" ; les quatorze derniers, du 15° chapitre Sortis de la Terre au 28e, Bodhisattva Fugen, "l’enseignement essentiel".
Dans l’enseignement théorique, le chapitre le plus important est le deuxième, Des Moyens. Dans l’enseignement essentiel, c’est le seizième, Durée de la vie du Tathâgata.
Hon (essentiel) de hon mon signifie "la véritable entité" ou "la substance" ; shaku (provisoire) de shaku mon signifie "la trace" ou "l’ombre". Hon et shaku indiquent la différence entre les bouddhas. Shakyamuni qui atteignit la boddhéité dans le passé lointain, le Bouddha de l’enseignement essentiel, constitue la véritable entité du Bouddha. Il est donc appelé le Bouddha fondamental. Shakyamuni qui atteignit la boddhéité en Inde, le Bouddha de l’enseignement théorique, correspond à la trace ou au reflet de la véritable entité. Il est donc appelé le bouddha provisoire. De même, les divers bouddhas évoqués par Shakyamuni dans les sûtras sont des bouddhas provisoires qui reflètent un aspect du Bouddha fondamental. Le grand maître chinois T’ien-t’ai (538-597) compare le Bouddha fondamental à la lune dans le ciel, et les bouddhas provisoires au clair de lune reflété sur des étangs.
Les Trois Assemblées en deux lieux
Le Sûtra du Lotus met en scène trois rassemblements de disciples. Du 1er chapitre Introduction à la première partie du 11e chapitre , Tour aux trésors, l’assemblée se réunit au Pic de l’Aigle.
De la 2e partie du 11e chapitre La Tour aux trésors jusqu’au 22e chapitre Transmission, l’assemblée se tient dans les airs.
Enfin, du 23e chapitre Les Actes antérieurs du bodhisattva Yakuô (Roi-médecin) au 28e chapitre Bodhisattva Fugen, l’assemblée se trouve à nouveau au Pic de l’Aigle.
Il y a donc deux lieux d’enseignement mais trois assemblées. On parle de "trois assemblées en deux lieux". Dans l’ordre de leur apparition dans le Sûtra, ce sont "la première assemblée du Pic de l’Aigle", la "Cérémonie dans les airs", et "la deuxième assemblée du Pic de l’Aigle".
Les sept paraboles
Dans le Sûtra du Lotus, plusieurs principes bouddhiques sont transmis de manière compréhensible grâce à l'utilisation de diverses paraboles. Les plus représentatives, citées ci-dessous, sont appelées "les sept paraboles".
(1) "la parabole des trois chariots et de la maison en feu" dans le 3e chapitre Comparaisons et paraboles,
(2) "la parabole de l'homme riche et de son fils pauvre" dans le 4e chapitre Croyance et compréhension,
(3) "la parabole des trois sortes d'herbes médicinales et des deux sortes d'arbres" dans le 5e chapitre Paraboles des trois sortes d'herbes médicinales et des deux sortes d'arbres,
(4) "la parabole de la ville illusoire" dans le 7e chapitre La ville illu¬soire,
(5) "la parabole du joyau cousu dans la doublure du vêtement" dans le 8e chapitre Prédiction de l'éveil des cinq cents disciples,
(6) "la parabole du joyau sans prix dans la coiffe" dans le 14e chapitre Les pratiques paisibles,
(7) "la parabole de l'excellent médecin et de ses enfants malades" dans le 16e chapitre Durée de la vie du Tathâgata.
Les six premières paraboles sont narrées dans l'enseignement théorique. Elles sont destinées à révéler la véritable intention du Bouddha qui est d'exposer "le véhicule unique". Les autres enseignements (les trois véhicules) ne sont que des moyens menant au véhicule unique.
La parabole des trois chariots et de la maison en feu :
Un incendie se déclare dans la maison d'un homme extrêmement riche. Ses enfants, absorbés dans leurs jeux, ne s'en aperçoivent pas. Pour les faire sortir et les sauver, il leur crie que, dehors, il a préparé pour eux trois chariots dont ils ont depuis longtemps envie, l'un tiré par un mouton, l'autre par un cerf, le dernier par un bœuf. Les enfants se précipitent hors de la maison et, dès qu'ils sont à l'abri de l’incendie, leur père donne à chacun d'eux un chariot plus beau encore que ceux qu'il leur avait promis, décoré de joyaux et tiré par un grand bœuf blanc.
L'homme riche est le Bouddha et les enfants symbolisent les êtres humains. Les trois chariots représentent les états d'Étude, d'Éveil personnel et de Bodhisattva. Le grand chariot tiré par un bœuf blanc symbolise le Véhicule unique, l’état de Bouddha.
La parabole de l'homme riche et de son fils pauvre :
Encore enfant, le fils d'un homme riche s'enfuit de chez son père. Après avoir erré ici et là dans une épouvantable pauvreté, il arrive un jour dans le château de ses jeunes années. L’homme riche l’identifie immédiatement mais lui ne reconnaît ni son père ni les lieux et pendant vingt ans il y travaille comme simple balayeur. Il se comporte si sérieusement qu'il réussit à gagner la confiance de l'homme riche qui finit par lui confier la gestion de ses biens. Sentant sa mort prochaine, le père dévoile la véritable identité de son employé devant le roi, les ministres, sa famille, etc. Il lui lègue tous ses biens.
L'homme riche symbolise le Bouddha et le fils personnifie littéralement les personnes des deux états d'Étude et d'Absorption (shomon et engaku). Plus profondément, il symbolise les êtres humains ordinaires qui ignorent qu’ils sont les enfants du Bouddha. Le fait qu’il occupe divers emplois au service de son père, depuis balayeur jusqu'à administrateur, est comparable à la pratique des enseignements des trois véhicules. Que l'homme riche révèle qu'il est son fils et lui lègue tous ses biens est comparable au fait que les personnes ordinaires s'éveillent par le Sûtra du Lotus à leur vérita¬ble identité de Bouddha et atteignent ainsi la boddhéité.
La parabole de l'excellent médecin et de ses enfants malades :
Cette parabole illustre le principe de hôben gen nehan qui signifie :"utilisant un moyen habile, je donne l'impression d'entrer au nirvana". C’est l'une des caractéristiques du Bouddha qui atteignit la boddhéité dans le passé très lointain (kuon jitsujô). Ce principe signifie que le Bouddha utilise sa propre mort (nirvana) comme un moyen de sauver les êtres humains. C'est l'une des fonctions de la vie de l'état de Bouddha.
Un médecin de grand talent a une centaine d'enfants. Un jour, alors qu'il se trouve en voyage dans un pays lointain, ses enfants absorbent un poison par erreur. A son retour, le médecin les trouve en train de se rouler de douleur sur le sol. Il leur prépare rapidement un excellent remède. Certains enfants à qui le poison n’a pas fait perdre l'esprit prennent la potion et guérissent ; d'autres qui n’ont plus leur raison refusent le médicament de crainte qu'il ne soit mauvais au goût.
L'excellent médecin utilise alors un stratagème pour les amener à le prendre. Il leur dit : « Je laisse ici ce bon remède pour vous. Vous devez le boire sans penser qu'il est inefficace. » Puis il part dans un pays lointain d'où il leur fait parvenir par un messager la nouvelle de sa mort. Sous le choc, profondément attristés, les enfants se ressaisissent, prennent le bon médicament que leur père a laissé à leur intention et se rétablissent. Apprenant leur guérison, le père revient chez lui et les retrouve tous.
L'excellent médecin désigne le Bouddha. Les enfants représentent les êtres humains. Boire du poison signifie adhérer aux doctrines de mauvais maîtres. Les enfants qui ont perdu l'esprit représentent les gens incapables de croire que la nature de Bouddha est inhérente en eux-mêmes et chez les autres. Il s’agit surtout de ceux qui vivent dans la période des Derniers Jours de la Loi. Le bon médicament est le Sûtra du Lotus qui enseigne que la nature de Bouddha existe chez les êtres humains qui tous sans aucune exception peuvent la manifester. Ce bon médicament est Nam Myôhô Renge Kyô et permet à tout un chacun de faire jaillir son état de Bouddha. Le père qui fait informer ses enfants de son décès pendant son voyage signifie que le Bouddha donne l'impression d'accéder au nirvana alors que ce n'est pas la réalité. Ce n’est qu’un moyen. Son retour chez lui signifie que ceux qui ont foi en leur nature de Bouddha inhérente rencontrent le véritable Bouddha.
La parabole des trois sortes d'herbes médicinales et des deux sortes d'arbres :
La pluie fertilise la terre de façon égale mais les herbes e't les arbres en tirent des bienfaits différents selon leur espèce. Les herbes sont classées en inférieures, intermédiaires et supérieures, et les arbres en petits et grands. De même, la véritable intention du Bouddha est de conduire tous les êtres humains sans aucune exception au véhicule unique. Son enseignement est le mêrqe pour tous. Mais, selon leurs capacités respectives, ils le comprennent et en bénéficient différemment.
Il existe des conceptions différentes à propos des trois sortes d’herbes et des deux sortes d’arbres. Le Grand Maître T'ien-t'ai compare, dans le Hokke Mongu (Mots et Phrases du Sûtra du Lotus), l'herbe inférieure aux états d'Humanité (Tranquillité) et d'Extase (Bonheur temporaire), l'herbe intermédiaire aux deux états d'Étude et d'Absorption (Éveil personnel), et l'herbe supérieure ainsi que les arbres petits et grands, aux bodhisattvas.
La parabole de la ville illusoire :
Des voyageurs entreprennent une expédition de cinq cents yojana pour gagner un lieu éloigné où se trouve un trésor. À mi-chemin, épuisés, ils veulent abandonner le voyage. Voyant cela, leur guide utilise ses pouvoirs magiques pour faire apparaître devant eux une cité, à trois cents yojana de leur point de départ. Il les invite à s’y reposer. Quand ils ont repris des forces, il leur révèle que leur véritable destination, la terre au trésor, n’est pas bien loin et il les encourage à reprendre la route. De cette manière, il les conduit avec succès jusqu’au bout du voyage.
La cité illusoire représente les trois véhicules grâce auxquels le Bouddha guide les êtres humains selon leurs capacités. La terre au trésor symbolise le Véhicule unique, l'éveil de Shakyamuni qui est le but vers lequel celui-ci conduit ses disciples.
La parabole du joyau cousu dans la doublure du vêtement :
Un homme rend visite à un grand ami. Il boit du vin, s'enivre et s'endort. L'ami, obligé de sortir pour une affaire, coud avant de partir un joyau d'une valeur inestimable dans la doublure de la robe de l’homme endormi. Quand celui-ci se réveille, il ignore totalement qu'il possède désormais une pierre précieuse. Il part alors pour un long voyage. Il supporte mille difficultés, toujours dans le besoin. Un jour, il rencontre son vieil ami qui, consterné par sa pauvreté, lui parle du joyau qu'il lui avait offert. Surpris, l'homme palpe son vêtement et réalise pour la première fois qu'il possède un joyau sans prix.
Le joyau d’une valeur inestimable cousu dans la robe symbolise l'état de Bouddha inhérent à la vie de tous les êtres humains. L'homme pauvre représente les personnes ordinaires qui ignorent qu’elles possèdent l'état de Bouddha.
La parabole du joyau sans prix dans la coiffe :
Après une bataille victorieuse, le Roi-qui-fait-tourner-la-roue récompense ses soldats en leur offrant des châteaux, des vêtements, de l'or, de l'argent et d'autres trésors. Cependant, il ne veut pas leur donner un joyau inestimable qu'il garde caché dans sa coiffure.
De même, Shakyamuni expose d'abord divers sûtras mais pas le Sûtra du Lotus. Puis, il finit par enseigner le Sûtra du Lotus, comme le Roi-qui-fait-tourner-la-roue finit par donner le joyau à son meilleur soldat.
Le joyau symbolise le Sûtra du Lotus et le fait que Shakyamuni ne le donne à personne signifie qu'il garde secret l'enseignement définitif pendant qu’il expose les enseignements provisoires.
Sommaire des vingt-huit chapitres du Sûtra du Lotus
Première assemblée au Pic de l’Aigle
1er chapitre Introduction (Jo-hon)
Une grande assemblée est réunie au Pic de l’Aigle pour écouter les enseignements du Bouddha Shakyamuni. Celui-ci provoque d’abord l’apparition de divers phénomènes extraordinaires.
2e chapitre Des Moyens (Hôben-bon)
Shakyamuni commence à exposer ses enseignements : le principe de l'entité réelle de tous les phénomènes, celui de l'inclusion mutuelle (implication réciproque), le but de la venue du Bouddha en ce monde (transmettre l'enseignement du véhicule unique).
3e chapitre Comparaisons et paraboles (Hiyu-hon)
La compréhension de l’enseignement par Shariputra et la prédiction de son illumination. Parabole des trois chariots et de la maison en feu.
4e chapitre Croyance et compréhension (Shinge-hon)
Les Quatre Grands Auditeurs (Subhuti, Mahakatyayana, Mahakashyapa et Mahamaudgalyâyana) de l'état d'Étude expriment leur compréhension par la parabole de l'homme riche et de son fils pauvre.
5e chapitre Parabole des trois sortes d’herbes médicinales et des deux sortes d’arbres (Yakusôyu-hon)
Shakyamuni témoigne de la compréhension des Quatre Grands Disciples (Présentation et Maîtrise).
6e chapitre Prédictions (Juki-hon)
Shakyamuni donne aux Quatre Grands Auditeurs l’assurance qu’ils atteindront immanquablement la boddhéité dans des âges futurs.
7e chapitre La ville illusoire (Kejôyu-hon)
Ce chapitre mentionne l’atteinte de la boddhéité du Bouddha appelé Victorieux grâce à sa grande sagesse universelle (Daitsûchishô) dans le lointain passé de sanzen-jintengô. Les êtres qui reçurent son enseignement par l’intermédiaire de son seizième fils (existence antérieure de Shakyamuni), renaquirent en même temps que celui-ci, leur maître, le Bouddha historique. Ainsi, les trois bienfaits de l’ensemencement, dè la maturation et de la récolte sont révélés.
La fin du chapitre est consacrée à la parabole de la ville illusoire et de la terre au trésor.
8e chapitre Prédiction de l’Éveil de cinq cents disciples (Gohyakudeshi-juki-hon)
Prédiction à Purna qu’il parviendra à l’illumination. Prédiction aux cinq cents disciples dont le représentant est Ajnata Kaundinya. Prédiction de la boddhéité pour tous les disciples de l’état d’Étude absents de cette assemblée. Parabole du joyau cousu dans la doublure du vêtement.
9e chapitre Prédictions relatives aux disciples et aux adeptes (jugakumugaku-ninki-hon)
Prédiction de l’Éveil futur d’Ananda, de Rahula et de deux mille disciples dans l’état d’Étude.
10e chapitre Maître de la Loi (Hosshi-hon)
La personne qui propage la Loi (le maître de la Loi) ; les cinq pratiques (adhérer nu Sûtra du Lotus, le lire, le réciter, l’enseigner et le transcrire) ; les trois règles d’enseignement (entrer dans la chambre du Bouddha, revêtir la robe du Bouddha et s’asseoir sur le siège du Bouddha).
11e chapitre Apparition de la Tour aux Trésors (Hôtô-hon)
Une tour ornée de trésors apparaît. Le bouddha Tahô et les bouddhas des dix directions témoignent de la véracité de l’enseignement de Shakyamuni.
La Cérémonie dans les airs
Dans la deuxième moitié du 11e chapitre, la Cérémonie dans les airs commence. Shakyamuni exhorte les assistants à .prendre la grande décision de propager le Sûtra du Lotus après sa disparition. Il illustre la difficulté qu’il y aura à le faire par l’exemple des six actions difficiles et des neuf actes aisés.
12e chapitre Devadatta (Daibadatta-hon)
Prédiction de l’atteinte de la boddhéité par Devadatta qui symbolise l’atteinte de la boddhéité par les personnes mauvaises ; l’atteinte de la boddhéité sans changer d’apparence par la fille du Roi-Dragon symbolise la possibilité pour les femmes d’obtenir l’Éveil.
13e chapitre Exhortation à la pratique (Kanji-hon)
Quatre vingt myriades de millions de nayuta de bodhisattvas font le serment de propager le Sûtra du Lotus dans ce monde à l’époque qui suivra la mort du Bouddha. La partie versifiée (vingt strophes de quatre lignes chacune) décrit les persécutions que devront subir ceux qui le feront. L’opposition des Trois Grands Ennemis est prédite.
" Nayuta" est un mot sanscrit qui désigne une unité numérique. Les explications diffèrent selon les sources. Le Kusha Ron la définit comme cent milliards, d’autres sources comme 107.
14e chapitre Les pratiques paisibles (Anrakugyô-hon) - Ce chapitre énonce les Quatre Pratiques paisibles :
1) les actions paisibles, 2) les discours paisibles, 3) les pensées paisibles, 4) les vœux paisibles.
Il s’agit de "conseils" destinés à des bodhisattvas débutants dans l’aspiration à l’Éveil et novices dans la propagation du Sûtra du Lotus.
À noter que la pratique de shoju, pour paisible qu’elle soit, est extrêmement difficile car elle exige une grande maîtrise de soi.
L’enseignement essentiel (hon mon) - La Cérémonie dans les airs (suite)
15e chapitre Sortis de la Terre (ju Ji yujutsu-pon)
D’innombrables bodhisattvas surgissent de la terre. Quatre dirigeants se trouvent à la tête de cette multitude : Pratiques supérieures (Jôgyô), Pratiques infinies (Muhengyô), Pratiques pures (Jyôgyô) et Pratiques fermes (Anrakugyô). Shakyamuni révèle que ces bodhisattvas sont ses disciples, instruits et convertis par lui depuis un temps infini. Selon T’ien-t’ai, c’est le principe d’"ouvrir partiellement le proche pour révéler le lointain" (ryakkai gon-ken-non).
16e chapitre Durée de la vie du Tathâgata (Juryô-hon)
Shakyamuni révèle sa véritable identité, celle du Bouddha qui atteignit l’illumination dans le lointain passé (kuon jitsujô), à l’époque de gohyaku jintengô (principe d’"ouverture complète du proche pour révéler le lointain" (kôkai gon-ken-non).
Le chapitre continue avec la parabole de l’excellent médecin et ses enfants malades.
17e chapitre Le Discernement des bienfaits (Funbetsu kudoku- hon)
Shakyamuni détaille ici les bienfaits obtenus par ceux qui ont entendu le Sûtra du Lotus. Il décrit les quatre étapes de la foi et les cinq étapes de la pratique.
Selon T’ien-t’ai, les quatre étapes de la foi concernent ceux qui eurent foi dans le Sûtra du Lotus du vivant de Shakyamuni et les cinq étapes de la pratique ceux qui y adhèrent après sa mort.
Les quatre étapes de la foi consistent à :
(1) éprouver, ne serait-ce qu’un instant, la foi dans le Sûtra ;
(2) comprendre l’enseignement du Bouddha ;
(3) le propager largement ;
(4) réaliser, avec une foi profonde, la vérité exposée par le Bouddha.
Les cinq étapes de la pratique sont :
(1) se réjouir à l’écoute du Sûtra du Lotus ;
(2) lire et réciter le Sûtra ;
(3) le propager ;
(4) pratiquer les six perfections (paramita) en ayant foi dans le Sûtra ;
(5) maîtriser parfaitement les six paramita.
18e chapitre Bienfaits de l’acceptation joyeuse (Zuiki kudoku- hon)
Si, après la mort du Bouddha, une personne entend ne serait- ce qu’une seule stance du Sûtra du Lotus, s’en réjouit et s’efforce de l’enseigner à sa famille, ses amis, ses connaissances qui, à leur tour, se réjouiront et en parleront, la Loi se transmettra ainsi de proche en proche jusqu’à la cinquantième personne. Shakyamuni décrit ce que sera le bienfait extraordinaire obtenu par cette personne si elle a éprouvé de la joie en recevant l’enseignement. Quant au bienfait obtenu par ceux qui l’auront entendu auparavant, s’en Seront réjouis et l’auront transmis, il est incommensurable.
19e chapitre Les bienfaits du maître de la Loi (Hosshi kudoku- hon)
Le Bouddha encourage ses disciples à propager la Loi après sa mort. Il explique que leurs efforts pour pratiquer et propager le Sûtra du Lotus leur feront obtenir les bienfaits de la purification des six organes sensoriels (les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps, l’esprit).
20e chapitre Le Bodhisattva Jamais méprisant (Jô Fukyô bosatsu-hon)
Ce chapitre raconte l’histoire d’un bodhisattva qui, devant chaque personne rencontrée, s’inclinait respectueusement et formulait des éloges tels que : « Je vous respecte profondément. Jamais je n’aurai l’audace de vous mépriser ou d’être arrogant à votre égard, car vous pratiquerez tous un jour la voie du bodhisattva et atteindrez immanquablement l’état de bouddha. » (LS, chap. 20, p. 266-267)
En retour, il lui arrivait souvent de recevoir des insultes, des pierres ou des coups. Mais il persévéra et cette pratique lui permit d’expier toutes ses offenses passées. Shakyamuni dit qu’il était lui- même ce bodhisattva dans une existence antérieure.
21e chapitre Les pouvoirs merveilleux de VAinsi-venu (Nyorai jinriki-hori)
Shakyamuni manifeste dix pouvoirs surnaturels et confie la pratique et la propagation de la Loi merveilleuse au bodhisattva Jôgyô (transmission spécifique).
22e chapitre Transmission (Zokurui-hon)
Shakyamuni confie la pratique et la propagation de la Loi merveilleuse à tous- les bodhisattvas, dont les bodhisattvas sortis de la Terre (transmission générale).
La Cérémonie dans les airs prend fin et tous les participants regagnent leurs terres respectives.
Deuxième assemblée au Pic de l’Aigle
23e chapitre Le bodhisattva Roi-médecin (Yakuô bosatsu honji- hon)
En racontant des épisodes des existences passées du bodhisattva Yakuô, Shakyamuni révèle quels.bienfaits on obtient en se consacrant de toutes ses forces à la pratique et à la propagation de la Loi. Il utilise dix images pour souligner que le Sûtra du Lotus occupe la place primordiale parmi tous les sûtras.
24e chapitre Le bodhisattva Son merveilleux (Myôon bosatsu- hon)
En se manifestant à volonté sous 34 formes différentes, ce bodhisattva propage la Loi merveilleuse dans le monde de l’en¬durance, convertit et sauve les êtres humains.
25e chapitre La porte universelle du bodhisattva qui perçoit les sons du monde (Kanzeon bosatsu fumon-bon)
Ce bodhisattva entend tous ceux qui l’appellent avec sincérité. Pour les sauver, il leur enseigne le Sûtra du Lotus. Il peut les convertir en empruntant 33 formes corporelles différentes.
26e chapitre Incantations (Dharani-hon)
Le Bodhisattva Yakuô, le bodhisattva Yuse, les divinités bouddhiques Bishamon et Jikoku ainsi que les dix filles démones psalmodient des incantations et font le serment de protéger les pratiquants du Sûtra du Lotus.
27e chapitre Le roi Merveilleuse splendettr (Myôshôgonnô Honji- hon)
En relatant la conversion du roi Myôshôgon par son épouse, la reine Pure Vertu (Jôtoku), et par ses fils Pur Trésor (Jôzô) et Pure Vision (Jôgen), Shakyamuni explique les bienfaits que l’on obtient en propageant le Sûtra du Lotus.
28e chapitre Encouragements du bodhisattva Sagesse universelle (Fugen bosatsu kambotsu-hon)
Le bodhisattva Fugen survient majestueusement dans l’assemblée pour entendre Shakyamuni exposer le Sûtra du Lotus. Il fait le serment de protéger la Loi et les pratiquants du Sûtra du Lotus à l’époque des Derniers Jours de la Loi. L’enseignement prend fin ; l’assemblée ressent une foi profonde et une grande allégresse. Tous les participants se séparent, débordants de joie.